En 1947, Christian Dior fait sensation avec sa collection printemps-été, notamment avec son tailleur Bar, et invente le fameux New Look. Il faut imaginer qu’après la fin de la guerre, l’industrie textile est au plus mal. Le jeune couturier, non sans scandale, la relance en exigeant, après les années de pénurie de l’Occupation, l’emploi de grands métrages d’étoffe. Il renoue également avec la tradition de la couture, redonnant une place prépondérante aux brodeurs et aux paruriers. Ainsi, la femme Christian Dior se révèle femme fleur, dessinant un corps aux courbes sinueuses et dont le port fait référence à la culture académique du ballet classique. Les épaules sont douces, la poitrine précisée, la taille marquée et les hanches magnifiées par l’envolée des jupes corolles. Le couturier impose dès lors un style international réaffirmant le rôle séculaire de Paris comme capitale de la mode.
Avant de devenir couturier, Christian Dior dirige une galerie d’art où se croisent des personnalités bouillonnantes de créativité tels Jean Cocteau, Dali ou encore Giacometti.
Amateur d’antiquités et d’objets d’art, collectionneur d’Art nouveau et décorateur passionné par le XVIIIe siècle, amoureux des jardins, Christian Dior puise dans toutes ces sources tant pour agrémenter ses résidences privées que pour définir l’esthétique de sa maison de couture et de ses créations. On découvre, en effet, que ses robes sont empreintes de références à la peinture, à la sculpture, mais aussi à tout ce qui compose l’art de vivre : papiers peints, étoffes, porcelaines ou chinoiseries.
Des thématiques reprises par ses successeurs. Au choix risqué du tout jeune Saint Laurent succède la réaction rationnelle de la nomination de Marc Bohan. Puis c’est l’arrivée flamboyante de Gianfranco Ferré, puis celle à grand fracas du punk de la mode John Galliano, l’affirmation « minimaliste » de Raf Simons et, enfin, le choix d’une femme, Maria Grazia Chiuri, et de sa vision engagée de la féminité.
La haute couture ne s’improvise pas. C’est ainsi que l’on découvre au sein de l’exposition l’envers du décor. L’atelier où s’activent les petites mains entourées de mannequins de couturière, de croquis et de toiles. l’évolution de la ligne et de l’allure Dior se dessine ici au gré des époques.
L’exposition s’achève de façon magistrale avec une présentation des robes les plus emblématiques de la Maison, certaines portées par des clients célèbres, et qui continuent de susciter le rêve pour de nombreuses femmes .
Christian Dior, couturier du rêve – Musée des arts décoratifs, jusqu’au 7 janvier 2018.